« Dans la tradition islamique, ces
« fissures » sont celles par lesquelles pénétreront, aux approches de
la fin du cycle, les hordes dévastatrices de Gog et Magog1,
qui font d’ailleurs des efforts incessants pour envahir notre monde ; ces
« entités », qui représentent les influences inférieures dont il
s’agit, et qui sont considérées comme menant actuellement une existence
« souterraine », sont décrites à la fois comme des géants et comme
des nains, ce qui, suivant ce que nous avons vu plus haut, les identifie, tout
au moins sous un certain rapport, aux « gardiens des trésors cachés »
et aux forgerons du « feu souterrain » qui ont aussi, rappelons-le,
un aspect extrêmement maléfique ; au fond, c’est bien toujours du même
ordre d’influences subtiles « infra-corporelles » qu’il s’agit en tout
cela[1].
A vrai dire, les tentatives de ces « entités » pour s’insinuer dans
le monde corporel et humain sont loin d’être une chose nouvelle, et elles
remontent tout au moins jusque vers les débuts du Kali-Yuga,
c’est-à-dire bien au delà des temps de l’antiquité « classique »
auxquels se limite l’horizon des historiens profanes. » (Chapitre
XXV, Les fissures de la Grande
Muraille)
« […] cette sécurité de la « vie ordinaire »,
sur laquelle a reposé jusqu’ici toute l’organisation extérieure du monde
moderne, risque fort d’être troublée par des « interférences »
inattendues. » (Chapitre
XV, L’illusion de la « vie
ordinaire »)
« À ce propos, nous ajouterons encore une remarque
concernant certaines descriptions d’êtres étranges qui se rencontrent dans ces
récits : comme ces descriptions datent naturellement tout au plus de
l’antiquité « classique », dans laquelle il s’était déjà produit une
incontestable dégénérescence au point de vue traditionnel, il est fort possible
qu’il s’y soit introduit des confusions de plus d’une sorte ; ainsi, une
partie de ces descriptions peut en réalité provenir des
« survivances » d’un symbolisme qui n’était plus compris[2],
tandis qu’une autre peut se référer aux apparences revêtues par les
manifestations de certaines « entités » ou « influences »
appartenant au domaine subtil, et qu’une autre encore, mais qui n’est sans
doute pas la plus importante, peut être réellement la description d’êtres ayant
eu une existence corporelle en des temps plus ou moins éloignés, mais
appartenant à des espèces disparues depuis lors ou n’ayant subsisté que dans
des conditions exceptionnelles et par de très rares représentants, ce qui peut
même encore se rencontrer aujourd’hui, quoi qu’en pensent ceux qui s’imaginent
qu’il n’y a plus en ce monde rien d’inconnu pour eux. On voit que, pour
discerner ce qu’il y a au fond de tout cela, il faudrait un travail assez long et
difficile, et d’autant plus que les « sources » dont on dispose sont
plus loin de représenter de pures données traditionnelles ; il est
évidemment plus simple et plus commode de tout rejeter en bloc comme le font
les modernes, qui d’ailleurs ne comprendraient pas mieux les véritables données
traditionnelles elles-mêmes et n’y verraient encore que d’indéchiffrables
énigmes, et qui persisteront naturellement dans cette attitude négative jusqu’à
ce que de nouveaux changements dans la « figure du monde » viennent
finalement détruire leur trompeuse sécurité. » (Chapitre XIX - Les
limites de l’histoire et de la géographie)
« Maintenant, nous devons nous poser cette
question : pour arriver effectivement à la dissolution, suffit-il que le
mouvement par lequel le « règne de la quantité » s’affirme et
s’intensifie de plus en plus soit en quelque sorte laissé à lui-même et se
poursuive purement et simplement jusqu’à son terme extrême ? La vérité est
que cette possibilité, que nous avons d’ailleurs envisagée en partant de la
considération des conceptions actuelles des physiciens et de la signification
qu’elles comportent en quelque sorte inconsciemment (car il est évident que les
« savants » modernes ne savent aucunement où ils vont), répond plutôt
à une vue théorique des choses, vue « unilatérale » qui ne représente
que d’une façon très partielle ce qui doit avoir lieu réellement ; en
fait, pour délier les « nœuds » résultant de la « solidification »
qui s’est poursuivie jusqu’ici (et nous employons intentionnellement ici ce mot
de « nœuds », qui évoque les effets d’un certain genre de
« coagulation », relevant surtout de l’ordre magique), il faut
l’intervention, plus directement efficace à cet égard, de quelque chose qui
n’appartient plus à ce domaine, somme toute fort restreint, auquel se réfère
proprement le « règne de la quantité ». Il est facile de comprendre,
par ce que nous avons déjà indiqué occasionnellement, qu’il s’agit là de l’action
de certaines influences d’ordre subtil, action qui a d’ailleurs commencé depuis
longtemps à s’exercer dans le monde moderne, quoique d’une façon assez peu
apparente tout d’abord, et qui même a toujours coexisté avec le matérialisme
depuis le moment même où celui-ci s’est constitué sous une forme nettement
définie, ainsi que nous l’avons vu à propos du magnétisme et du spiritisme, en
parlant des emprunts que ceux-ci ont faits à la « mythologie »
scientifique de l’époque où ils ont pris naissance. Comme nous le disions aussi
précédemment, s’il est vrai que l’emprise du matérialisme diminue, il ne
convient pourtant guère de s’en féliciter, car, la « descente »
cyclique n’étant pas encore achevée, les « fissures » auxquelles nous
faisions alors allusion, et sur la nature desquelles nous allons avoir bientôt
à revenir, ne peuvent se produire que par le bas’ autrement dit, ce qui
« interfère » par là avec le monde sensible ne peut être rien d’autre
que le « psychisme cosmique » inférieur, dans ce qu’il a de plus
destructif et de plus « désagrégeant », et il est d’ailleurs évident
qu’il n’y a que les influences de cette sorte qui soient vraiment aptes à agir
en vue de la dissolution ; dès lors, il n’est pas difficile de se rendre
compte que tout ce qui tend à favoriser et à étendre ces
« interférences » ne correspond, consciemment ou inconsciemment, qu’à
une nouvelle phase de la déviation dont le matérialisme représentait en réalité
un stade moins « avancé », quelles que puissent être les apparences
extérieures, qui sont souvent fort trompeuses. » (Chapitre XXIV - Vers la dissolution)
[1] Le
symbolisme du « monde souterrain » est double, lui aussi, et il a
également un sens supérieur, comme le montrent notamment certaines des
considérations que nous avons exposées dans Le Roi du Monde ; mais
ici il ne s’agit naturellement que de son sens inférieur, et même, peut-on
dire, littéralement « infernal ».
[2] L’Histoire
Naturelle de Pline, notamment, semble être une « source » presque
inépuisable d’exemples se rapportant à des cas de ce genre, et c’est d’ailleurs
une source à laquelle tous ceux qui sont venus après lui ont puisé fort
abondamment.
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